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Délicat de rédiger la notice nécrologique de qui a préventivement écrit Autopsie d’un biographe. D’autant qu’il s’agissait d’un premier roman noir pour Max Genève, qui avait participé au Dictionnaire des écrivains contemporains de langue française par eux-mêmes avec une maestria certaine : « Max Genève est un homme de l’Est, et du sombre. (…), il choisit l’aventure : la littérature, qui n’est peut-être que cela, un abandon sans réserve, possible seulement dans un âge sans calcul, à l’informulable question du sens de l’écriture. Paraissent des recueils de nouvelles, une vingtaine de romans, dont il explore tous les genres. Répéter le geste de la venue au monde ; fuir la coassante gaîté des amateurs de douves ; marcher au bord du gouffre avec l’assurance du somnambule ; enregistrer ce que dit le rêve à la nuit : oui, le roman lui semble le meilleur véhicule pour avancer dans la connaissance de l’inconnu. L’Est donc, et le sombre. La lumière viendra bien assez tôt. » Max Genève, né Jean-Marie Geng, est mort le 24 septembre à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques). Il avait 79 ans.
Fils de René Geng, journaliste localier et critique musical, qui dirigea Le Nouveau Rhin français, journal chrétien et républicain finalement racheté par L’Alsace avant de disparaître, le petit Jean-Marie naît et grandit à Mulhouse (Haut-Rhin). Mais, très tôt, il regarde au-delà. Bâle (Suisse), de l’autre côté de la frontière, semble un éden où les concerts qu’il partage avec son père sont autant de moments précieux.
Au lycée Fustel-de-Coulanges de Strasbourg, le jeune homme a pour professeur de philosophie André Tubeuf (1930-2021) auquel il restera lié et qui bientôt quitte la région pour Paris où il se consacre à sa passion pour la musique. Une trajectoire assez semblable à celle qui attend le jeune Geng, puisque lui aussi optera pour la capitale quand il se voudra écrivain.
Pour l’heure, après la khâgne, il se consacre à une maîtrise de philosophie et un premier roman, Jeune homme assis dans la neige, qui ne sera publié que vingt ans plus tard chez Bernard Barrault (1985). Un doctorat de sciences sociales soutenu à Strasbourg en 1972 lui offre un poste de professeur de sociologie à l’Institut de formation des travailleurs sociaux (1973-1982). Mais, en marge de son enseignement, Jean-Marie Geng détonne en publiant des essais assez virulents, comme Information, mystification, qui reprend sa thèse consacrée à l’écriture de presse (Epi, 1973), Traité des censures (Epi, 1975), Mauvaises pensées d’un travailleur social (Seuil, 1977) et L’Illustre Inconnu (10/18, Bourgois, 1978). Des titres qui lui valent d’être adoubé par Roland Barthes, Pierre Bourdieu et Jacques Derrida. Il restera proche de ce dernier jusqu’à sa disparition, en 2004, et défendra sa pensée iconoclaste et radicale (Qui a peur de Derrida ? Anabet, 2008). Sous son nom d’écrivain.
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